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Engrais
et CO2 Introduction Nous l'avons déjà dit dans ces fiches, un des buts principaux d'un aquarium est d'être esthétique. La beauté d'un aquarium passe par la décoration, les poissons mais également les plantes. Certains aquariums doivent leur esthétique principalement aux plantes et à leur vitalité. Est-il nécessaire de rappeler également que les plantes jouent un rôle souvent important dans l'équilibre de l'aquarium et luttent efficacement contre les algues. Le but de cette fiche est donc de présenter les principaux produits et techniques qui vont permettre à l'aquariophile d'obtenir de très belles plantes. Pour avoir de belles plantes dans votre aquarium, il est primordial d'avoir un bon éclairage (voir la fiche concernant ce sujet) éclairant durant une durée adaptée mais également un sol et une eau contenant tous les éléments nutritifs nécessaires. La température de l'eau doit être, elle aussi, adaptée aux besoins de la plante. Lors de la réalisation du sol de l'aquarium, il est conseillé de mettre une couche nutritive, mais cette couche s'épuise dans les six premiers mois environ... Il faut donc, à défaut de ne pouvoir la renouveler, ajouter des compléments nutritifs au sol : les engrais solides. Les plantes absorbent également de nombreux nutriments par leurs feuilles, il est donc également nécessaire d'avoir une eau riche. Pour être nutritive, l'eau doit contenir un taux suffisant de CO2 ainsi que des minéraux, fer, oligo-éléments... L'eau du robinet contient déjà quelques nutriments mais ils s'épuisent assez vite, il est donc nécessaire de l'enrichir : c'est le rôle des engrais liquides. L'apport en fer joue un rôle important pour les plantes. Une teneur en fer insuffisante se manifeste souvent par des feuilles qui jaunissent. Les feuilles manquants de fer sont incapables d'assimiler correctement les autres nutriments de l'eau et leur croissance et fortement ralentie. Un bon taux de fer implique de feuilles robustes, vert sombre et avec une forte croissance. Autres nutriments importants pour les plantes : L'azote (N) issu des nitrates (NO3), le phosphore (P) issu des phosphates (PO4), le potassium (K), le carbone issu du gaz carbonique de l'eau (CO2). Chacun des ces nutriments (avec le Fer) est indispensable à la croissance des plantes. Si l'un de ces éléments vient à manquer la plante s'affaiblit. D'autres éléments sont également indispensables mais en quantité moindre : Magnésium, zinc, soufre, calcium, manganèse, cuivre. La loi du minimum de Liebig En 1841, Justus Von Liebig inventait la loi du minimum. Cette loi est essentielle pour comprendre les liens qui unissent les facteurs permettant la vie sous toutes ses formes. Nous pouvons exprimer la loi du minimum ainsi : Chaque organisme vivant a besoin d'une certaine quantité de plusieurs éléments afin de vivre normalement. Si l'un de ces éléments est absent l'organisme finit par mourir, s'il est présent mais sous-dosé, l'organisme montre des signes de faiblesse et ce, quel que soit la quantité des autres éléments. Dans le cas des plantes, quatre facteurs limitants sont à prendre en compte : Lumière, gaz carbonique (CO2), température et éléments nutritifs (dans le sol et l'eau). Ainsi, rien ne sert d'injecter du CO2 si le problème vient d'un manque de fer et vice-versa. Il est donc primordial de maîtriser tous les besoins des plantes. Il est vrai qu'il peut être difficile pour un aquariophile, et à fortiori pour un amateur, de déterminer avec certitude et précision le facteur déficient. Une solution intermédiaire est d'utiliser un engrais de qualité contenant la majorité (ou la totalité !) des éléments indispensables aux plantes. Il vaut donc mieux choisir avec discernement les engrais liquides et solides avant de les acheter, et ne pas tenir compte uniquement du prix de ces produits. Cette loi est plus complexe qu'il n'y paraît dans le sens ou certains éléments en trop grande quantité peuvent perturber l'absorption par la plante d'autres éléments. C'est le cas, par exemple, d'un excès de calcium (souvent repéré par une dureté et un pH qui augmentent) qui empêche l'assimilation du Fer (Fe++) par la plante. La teneur en Fer est donc sans importance dans ce cas et la plante s'affaiblit puis dépérit : C'est la chlorose calcique qui se manifeste par un palissement (ou blanchiment) des feuilles. Les engrais solides et liquides
Attention ! Tous les engrais ne sont pas égaux, certains sont nettement plus efficaces que d'autres. A noter également que certains engrais de grande marque sont suspectés d'accroître les algues : si les nutriments sont mal dosés ou en trop grand nombre, les plantes ne parviennent pas à consommer tous les nutriments et les algues s'en régalent... Nous conseillons les engrais Dupla. Le CO2 industriel Dernière méthode complétant idéalement les engrais liquides et solides : l'enrichissement de l'eau en CO2. L'usage d'engrais et du CO2 (avec un éclairage adapté) vous permettra d'avoir des plantes poussant vite, avec de magnifiques feuilles vertes et de belle taille. Une forte diminution des algues est également un des bénéfices de cette méthode grâce à l'activation de la photosynthèse. Insistons encore une fois pour affirmer que la diffusion de CO2 seule est insuffisante : il est impératif d'ajouter des engrais et d'avoir un éclairage adapté (en puissance et spectre). Avant de se lancer dans l'aventure du CO2, il faut savoir qu'à part quelques bricolages "maison" rudimentaires, il s'agit d'une technique assez coûteuse qui est donc réservée aux amateurs éclairés. Les cloches à CO2
Différents systèmes sont disponibles dans le commerce, les moins chers sont adaptés à des bacs de petit volume : Environ 60 à 80 Litres. Pour 150 FF (23 Euros), vous pouvez acquérir un des ces systèmes composés d'une cloche de diffusion à membrane poreuse qui se "ventouse" sur une paroi, la petite bouteille de CO2 faiblement pressurisée et le tuyau reliant la bouteille à la cloche. L'avantage du faible coût et compensé par la faible efficacité du système et par le fait qu'il demande une intervention manuelle (remplir la cloche de CO2 tous les matins). C'est donc un système à n'utiliser que pour les petits aquariums. Une bouteille dure environ un à deux mois, il s'agit de bouteilles jetables. L'électrolyse : Systèmes de Nisso et Zac plus
Les électrodes en carbone s'usent avec le temps et il devient nécessaire de les changer tous les trois mois à six mois environ (prix élevé : 250 FF, 38 Euros). Le rendement de ce système est assez faible et ne convient bien que pour des bacs de 120L (ou moins). Autre inconvénient : les électrodes s'encrassent régulièrement (de matière calcaire et de fer) et il est nécessaire de les nettoyer. Ainsi, les duretés totales et carbonatées baissent progressivement au fur et à mesure de l'usage de l'appareil. Il faut donc veiller à faire des changements d'eau réguliers. De même il est nécessaire d'avoir un apport de fer régulier sous peine de voir ses plantes dépérir... Une solution mitigée donc. A noter que le système "Carbo+" de Zac+ est adapté (d'après le constructeur) pour des bacs allant jusqu'à 500 L. Le CO2 chimique : Le "Carbonator" et le "Ceomat"
C'est
la méthode la plus récente. Basé sur une poudre ou un liquide associé à un
catalyseur, la méthode chimique reste réservée à des bacs de taille modeste
(200 à 250 L maximum suivant les modèles). Il est difficile de juger de l'efficacité
de cette méthode tant elle est récente. Ce genre d'appareil semble fonctionner
correctement à la différence qu'il influe peu sur le pH : ceci sera une bonne
nouvelle pour tout le monde sauf pour ceux qui ont également besoin de baisser
leur pH ! Il faudra renouveler le liquide toutes les 4 semaines (toutes les
3 semaines pour le système à poudre). A part le "Carbonator" (principe
liquide, pour bacs jusqu'à 250 L), il existe également le "Ceomat"
d'Aquamedic (principe en poudre, pour bacs jusqu'à 200 L). Les bouteilles faible pression Pour des aquariums plus grand (>200 L) le coût devient vite très important mais ces systèmes sont d'une technologie plus complexe que les précédents. Ils se composent au minimum d'une bouteille de CO2 sous pression (et rechargeable), d'un détendeur, un tuyau étanche au CO2 (les tuyaux de pompe à air ne conviennent pas) et d´un diffuseur à positionner dans le bac. La bouteille sous pression doit impérativement être maintenue verticale dans un endroit relativement frais et aéré. Le diffuseur est largement plus complexe que la cloche du système précédent. Souvent réalisé en verre; Son but est de faire parcourir le plus de chemin possible aux bulles de CO2 de manière a de les dissoudre efficacement. La plupart des modèles à spirale ou à "zig-zag" laissent échapper une bulle de CO2 non dissoute à la sortie du diffuseur. C'est dommage car ce gaze est perdu. Nous obtenons de meilleurs rendements grâce à des diffuseurs dont le principe est de garder l'eau et le CO2 le plus longtemps possible en contact : Une chambre de CO2 est parcourue par un fort courant d'eau. Exemple : le réacteur "Dupla 400" est un modèle sérieux et efficace. Le premier prix (système sans manomètre et électrovanne) pour un tel système est de 750 FF (115 Euros).
Les bouteilles à manomètre et électrovanne
Ainsi, si l'on laisse la diffusion de CO2 la nuit, il se peut que le taux de CO2 grimpe considérablement faisant chuter le pH fortement. Ces variations brutales du pH peuvent être préjudiciables pour la santé des poissons. Des valeurs absolues trop basses du pH peuvent également les stresser et les tuer...
Autre solution encore moins chère (mais consommatrice de CO2) et d'activer la pompe à air dès l'extinction des lumières. Cela nous permet de nous passer d'électrovanne (si nous oublions de couper le CO2 le soir, ce n'est pas grave). L'aération de l'eau va diminuer le taux de CO2 et augmenter l'oxygénation du bac (ce qui est bien la nuit) : on limite la chute du pH et facilite la respiration des plantes. Cette solution nous permet d'utiliser un réacteur CO2 premier prix (sans électrovanne et sans manomètre). En résumé Il est donc clair que si l'apport de CO2 est un grand plus pour nos plantes, cette diffusion demande un contrôle strict du pH et une extinction de la diffusion la nuit. Étant donné les risques pris en cas d'oublis, il me semble sage d'opter dès le départ pour un système sophistiqué (et très cher, certes) mais qui nous permet une grande tranquillité d'esprit. Mon conseil est donc de ne pas installer de diffusion de CO2 tant que notre budget ne permet pas d'installer un système satisfaisant. Seule exception : les diffuseurs à cloche qui ont un si mauvais rendement qu'ils n'offrent pratiquement aucun risque, mais ils sont limités à des aquariums de petite taille. Le CO2 artisanal par fermentation Vu le prix des réacteurs commerciaux, il peut être intéressant pour de petits budgets (ou temporairement, en attendant l'achat d'un système performant) de construire soit même sont propre réacteur de CO2. Le montage que nous proposons à a coût ridicule en revanche, il demande une intervention chaque semaine et n'a pas un débit très stable dans le temps (risques de variations du pH entre le début et la fin de la semaine)... Il ne conviendra donc pas à des bacs trop grand ou peuplés de poissons ne supportant pas les variations du pH. Ingrédients Nous allons vous donner ici une méthode assez classique (fermentation) pour une telle réalisation. Équipez-vous des éléments et ingrédients suivants :
Construction du réacteur Les différentes étapes de la construction d'un réacteur simple sont décrites ici :
Mise en route Dans la bouteille vide et propre ajoutez le sucre en poudre (200 g), ajoutez l'équivalent d'un sachet de levure de boulanger, ajoutez le litre d’eau (à température ambiante). Fermez la bouteille avec le bouchon non percé, et secouer énergiquement pour dissoudre la totalité du sucre. Le mélange doit alors prendre une couleur laiteuse et uniforme. Remplacez le bouchon par le bouchon relié au tuyau, et fermez le plus hermétiquement possible. Les premières bulles devraient apparaître au bout de deux heures. Attention, il faut laisser au moins 5 cm entre le liquide et le bouchon de la bouteille. En effet, le mélange va produire de la mousse au début de la réaction, il faut éviter qu'elle ne se déverse dans l'aquarium. Entretien En moyenne les bulles vont diminuer fortement au bout d'une semaine, il est alors possible de revitaliser une fois ou deux (maximum) le mélange. Pour ce faire, vider 70% du contenu et ajouter d'abord 200 g de sucre, ensuite (pas avant) faites le complément d'eau (maintenir toujours 5 cm de libre dans la bouteille). Au bout d'un ou deux renouvellements, le mélange est nettement moins efficace et il est temps de tout vider et de refaire un mélange à partir de zéro. Deux versions industrielles fonctionnant par fermentation
Taille des bouteilles et leur durée Suivant la taille des bouteilles et celui de votre bac, la durée de fonctionnement de la diffusion entre deux recharges est variable. Le petit tableau suivant vous donne quelques idées de durée en fonction de ces deux paramètres.
Conseils Durant la diffusion du CO2, il ne faut pas mettre en marche le diffuseur d'air et éviter les remous d'eau à la surface : cela rendrait inopérant la diffusion de CO2. Dans la semaine qui suit la première utilisation de la diffusion de CO2, surveillez tous les jours la valeur de votre pH et inspectez visuellement le comportement des poissons. En cas d'alerte avec un pH très bas, il est nécessaire de mettre immédiatement en marche une puissante pompe à air et, dans les cas les plus graves (pH proche de 6), il ne faut pas hésiter à changer 50% de l'eau en plus de l'usage du diffuseur d'air. La facilité avec laquelle le CO2 va se dissoudre dans l'eau dépend de la dureté de l'eau, le KH. Pour une diffusion plus efficace il est conseillé (si les poissons le permettent) de diminuer la dureté de l'eau grâce à l'usage d'eau osmosée en complément de l'eau de conduite. Il existe une relation entre les valeurs du %CO2, du pH et du KH. Avec deux de ces éléments on peut en déduire le troisième. Ainsi, par exemple, on peut connaître le CO2 en fonction du pH et du KH par la formule : %CO2 = 3.0 * dKH * 10(7.00 - pH). Dans le tableau suivant, les valeurs trop fortes du CO2 sont en rose, les valeurs parfaites sont en vert, les valeurs trop faibles sont en bleu. Ce tableau ne s'applique plus si l'on ajoute un acide autre que le CO2 (produit pH-, pH+, filtration sur tourbe...).
Dernière mise à jour : 6 janvier 2002 |
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